"Notre Ordre vît le jour le 16 mars 2017. C'est en effet la date qui a été retenue comme date de fondation, étant donné qu'il s'agissait de la première réunion prévue pour discuter de la création d'un éventuel Ordre à Charleroi.
Nous nous étions donc donné rendez-vous sur la place du Manège de Charleroi en après-midi. J’ai d’ailleurs reçu une prune car je n’avais pas payé le parcmètre. Il était à peu près 16h et le parking était payant jusque 17h. J’ai donc pensé qu’en prenant un ticket gratuit de 30 minutes, pour arriver à 16h30, je serais tranquille… raté. Voilà les 20 premiers euros investis pour le bien de l’Ordre.
Étaient présents à cette réunion Robin Deboutez, qui était ancien Président de l'Institut Supérieur Catholique de Fleurus ; Arthur Decuyper, qui était ancien Président de l’Institut d’Enseignement Supérieur Catholique de Montignies-sur-Sambre ; Raphaël Vernier, que Robin et moi ne connaissions pas vraiment jusqu'alors, mais qui faisait déjà partie du monde ordinesque via la Générale Académique Mouscronnoise et la Confrérie des Dignitaires de l’Ordre de Saint Aubain, et qui était togé à l'Institut d’Enseignement Supérieur Catholique ; et moi-même, Quentin Navez, qui étais alors Grand-Maître de l'Ordre de la Calotte Montoise, membre du Musée Belge des Traditions Estudiantines, et ancien Président de Baptême de l'Institut Supérieur Industriel du Hainaut à Charleroi. Le Comte de l'Ordre de la Calotte Montoise de l'époque, Olivier Archambeau, également membre de la Confrérie de l’Ordre de la Bretelle et de l'Ordre du Grand Séminaire, était également présent à la réunion pour nous faire bénéficier de son expérience, et nous aiguiller dans la bonne direction afin de partir sur de bonnes bases.
Les anciens Présidents de 3 des 5 cercles de Charleroi étaient présents, et les membres de 6 Ordres étaient représentés. Nous avions donc une bonne base pour commencer à discuter.
L’une des premières questions qui se posa était celle des oripeaux : quelles seraient nos couleurs ? Celles de la ville de Charleroi, ça semblait être une évidence pour chacun d’entre nous : le noir et le blanc. Comme le Torè ou l’Ordre Binchois de l’Apertintaille ? Non, il fallait nous démarquer. Nous eûmes alors l’idée de reprendre les couleurs de la bannière de la ville : un coq rouge sur fond gris. Blanc, noir et rouge : la trichromie ancestrale !
Et pour le nom de notre Ordre ? Nous n’arrivions pas à nous décider. Nous n’avons d’ailleurs pas pris de décision avant quelques réunions ! Nous avions réalisé une liste de différents noms envisagés pour finalement nous arrêter sur le nom du fondateur de notre cité : le roi Charles II d’Espagne.
L’une des questions qu’on nous a rapidement posé était : pourquoi créer un Ordre à Charleroi ? J’étais moi-même membre de l’Ordre de la Calotte Montoise depuis 5 ans, avec deux grandes-maîtrises derrière moi, et j’avais donc déjà eu l’occasion de goûter et parcourir ce folklore, et je me rendais bien compte qu’il manquait quelque chose à Charleroi. Peu de gens chantaient correctement les chants pourtant appris en bleusaille, et ils ne sortaient pas de cette liste d’une quarantaine de chants. Ça m’énervait. Voyant que les pennés de Charleroi ne possédaient même pas réellement de chansonnier, j’ai relancé en 2013 le chansonnier historique de l’ISIH : le Petit Bitu des Grands Poils, en me basant sur d’anciens exemplaires des années 90 retrouvés par des anciens avec qui j’avais repris contact. Ce nouveau chansonnier a eu pas mal de succès : tous les stocks se sont vidés en quelques semaines, et il a fallu le rééditer plusieurs fois en quelques années. Mon idée faisant son petit bout de chemin dans ma tête, j’ai eu l’occasion, en 2015, quand j’étais Président de Baptême de l’ISIH, de lancer des cantus en petit comité, en m’inspirant en quelques sortes de la Guilde Polytechnique de l’Université Libre de Bruxelles de laquelle j’étais devenu Disciple la même année, avec pour base ce nouveau chansonnier, mais malheureusement sans grand succès. Je voyais néanmoins qu’il existait une réelle envie de la part des baptisés de Charleroi d’en découvrir plus : l’un ou l’autre commençaient à entrer dans les Ordres à Namur, Mons ou Bruxelles. C’était super cool, mais je me disais que c’était dommage de devoir aller aussi loin pour s’intéresser au folklore ! Je me suis donc dit qu’il était temps d’amener ce folklore à Charleroi…
La première année de vie de l’Ordre ne fut qu’une succession de réunions entre nous 4 pour répondre aux différentes questions pratiques, et pour écrire les premières lignes du Codex. La deuxième année vît l’arrivée de nos premiers oripeaux : le band, dont les couleurs avaient rapidement été définies ; la toge blanche à manches courtes (vous feriez des manches longues pour une toge blanche, vous ?!) ceinturée d’une corde rouge, et puis enfin la Bierpet. Pourquoi une Bierpet, d’ailleurs ? Ou plutôt, dans un premier temps, UN Bierpet ! Nous utilisions en effet le genre masculin pour désigner ce couvre-chef jusqu’à l’Anno III, quand nous nous sommes rendu compte de notre erreur. Le choix de ce couvre-chef était une question d’équité et d’équilibre entre les pennés et les calottés, qui étaient en proportions similaires dans les cercles de Charleroi, contrairement à d’autres villes comme Mons, Bruxelles, Namur, Liège ou Louvain-la-Neuve dans lesquelles parfois la penne, parfois la calotte, a le dessus sur l’autre avec parfois quelques tensions entre les associations pennées et calottées. Pas de ça à Charleroi, nous étions tous camarades, et nous ne voulions donc pas d’un Praesidium entièrement penné certaines années, ou entièrement calotté d’autres années. Le choix d’un couvre-chef propre à notre Ordre apportait également une uniformité qui n’était pas forcément recherchée à la base, mais qui était la bienvenue. Cette deuxième année vit également à mon grand dam la perte tragique de la clé USB dans laquelle se trouvait l’unique copie du Codex que j’avais passé tellement d’heures à rédiger. La rancœur est toujours présente. J’ai donc reprit la réécriture du codex à partir d’une page blanche, aussi rapidement que possible, afin de le terminer avant la rentrée académique 2018 : l’année du recrutement de nos premiers Tyrones.
La campagne de recrutement n’a pas duré bien longtemps. Notre barbecue de lancement avait eu son petit succès et nous nous sommes retrouvé avec une vingtaine de candidatures. Nous avons donc dû faire un tri, car il aurait été impossible de gérer correctement 20 Tyrones à nous 4 et nous avons ajusté les conditions d’entrée de l’Ordre pour correspondre à peu près à ce qu’elles sont aujourd’hui. Les années qui suivirent furent fructueuses, les candidats ne manquaient pas, les autres Ordres s’intéressaient à nous et le nombre de convives présents à nos séances ne cessait de croître, probablement en partie à cause de la crise du Coronavirus qui n’a pas réellement eu d’incidence sur la fréquence de nos réunions contrairement à l’énorme majorité des autres Ordres. Nous avons d’ailleurs profité de la crise du Coronavirus pour nous réinventer et sortir des sentiers battus, et nous avons organisé l’année dernière une randonnée qui suivait le parcours de la fameuse Boucle Noire dans les terrils de la région. Cette randonnée inspira d’ailleurs probablement plusieurs Ordres tels que le CHO, l’Ordre de Saint Jérôme et plus récemment la Confrérie de l’Ordre de la Bretelle, et nous avons bien l’intention d’en faire à l’avenir l’activité phare de notre Ordre.
Notre local habituel, fourni par Opération Faim et Froid, devint rapidement trop petit, et nous nous retrouvâmes alors devant un nouveau problème que nous connaissions très bien de par notre passé de comitards de cercles : où nous réunir ? J’ai alors eu l’idée de me renseigner sur la question des ASBL : comment font-elles pour se réunir ? Quels avantages cela nous apporterait-il d’en devenir une ? Ni une ni deux, avec Nicolas Carlier, alors Scriba, nous nous sommes inscrits l’année dernière à une formation organisée par la Maison Pour Association, et nous avons entamé les démarches pour créer l’ASBL « Ordre de Charles Deux ». Après une année de formation ReQuaPAss et l’obtention de notre brevet transfrontalier de gestion d’ASBL, c’est avec l’aide de Yoël Quaisin, notre actuel Quaestor, que nous entreprîmes la rédaction des statuts de l’ASBL. Je vous l’annonce sans mâcher mes mots : c’était vraiment super chiant, encore plus que de rédiger un Codex d’Ordre, et j’étais bien content d’avoir un juriste pour le faire à ma place et pour m’aider à les déposer au tribunal des entreprises.
Actuellement, notre ASBL existe donc depuis le mois de février, et vous pouvez retrouver ses statuts au moniteur belge des entreprises. Le statut d’ASBL nous a déjà permis de faire nos réunions dans les locaux de la Maison pour Association, et c’est également grâce à cette ASBL que nous avons pu organiser ce banquet, ce soir, dans le magnifique château de Monceau-sur-Sambre. La ville de Charleroi et le centre culturel de Charleroi, l’Eden, s’intéressent déjà fortement à nous et à notre ASBL, et nous pouvons sans trop nous avancer penser que des collaborations pourront rapidement avoir lieu dans les années qui arrivent.
L’Ordre comprend aujourd’hui 23 membres adoubés, 2 membres In Spe, 18 Tyrones et 5 vlekés extérieurs (pour l’instant hein, on verra dans 3 heures…). Nous attendions-nous à un tel succès, il y a maintenant 5 ans ? Honnêtement oui, mais je pense que nous pouvons malgré tout nous autoféliciter du succès de notre petit bébé. Puisse-t-il encore vivre, croître et fleurir de nombreuses années.
Quentin Navez,
Président du Sénat et co-fondateur de l'O.C.D."
Discours prononcé le 26/03/2022, à l'occasion du premier lustre de l'Ordre de Charles II